Bonjour à toutes et à tous,
Le 3 avril dernier, j’ai assisté à l’une des « Masterclass » de la série « en lisant en écrivant » à la Bibliothèque nationale de France (dans son site moderne du XIIIe arrondissement de Paris). Organisée par la BNF, le Centre national du livre et France Culture, elle a consisté en une rencontre avec l’écrivain Pierre Lemaitre animée par l’animateur de radio Emmanuel Laurentin.
Là, vous vous dites sans doute que c’est bien beau tout ça, mais pourquoi est-ce qu’elle nous en parle ? Eh bien parce que j’ai découvert à cette occasion ce qu’était une Masterclass et j’ai vraiment adoré le concept : je me devais donc de vous faire partager mon coup de cœur.
Bon d’accord, c’est aussi parce que j’aime énormément Pierre Lemaitre et son style d’écriture. Du coup, plus que l’étiquette « Masterclass », c’est son nom qui m’a fait me déplacer jusqu’à la BNF (quelle preuve d’amour, je sais !). Mais reprenons les choses dans l’ordre.
Qu’est-ce qu’une « Masterclass » ?
Le concept de « Masterclass » existe déjà depuis plusieurs années – je suis un peu à la ramasse, je sais ! Il s’agit en tout cas d’un moment où un professionnel, souvent dans le domaine de la culture, a l’occasion de parler de son métier et de sa pratique personnelle avec des personnes qui n’ont rien à voir avec le domaine et qui recherchent parfois des conseils de sa part.
En l’occurrence, dans cette série « en lisant en écrivant », des auteurs sont invités pour répondre à un certain nombre de questions : comment sont-ils devenus écrivains ? Comment écrivent-ils au quotidien ? Que lisent-ils ? Comment fabriquent-ils leurs personnages ? Comment écrivent-ils leurs dialogues ? Comment leurs parcours influencent-ils leurs écrits ? Comment construisent-ils leurs intrigues ? Comment se documentent-ils ? Qu’est-ce qu’une bonne scène de roman pour eux ? Quelles thématiques abordent-ils ? Quels conseils donneraient-ils à de jeunes écrivains ?
On le voit, on y aborde des sujets théoriques, qui relèvent de leur conception de la littérature et de l’écriture ainsi que des thèmes plus terre-à-terre, voire « mécaniques ».
Qui est Pierre Lemaitre ?
Vous avez sans doute entendu parler, sinon lu, Pierre Lemaitre. Il a reçu le prix Goncourt en 2013 pour son roman sur l’après Première guerre mondiale, Au Revoir là-haut, aujourd’hui adapté au cinéma et dont une suite est sorti au début de l’année 2018, Couleurs de l’incendie, ainsi que le tome 3, Miroir de nos peines, en 2019. Mais auparavant, il a écrit et publié de nombreux romans policiers ou noirs avec différents héros.
Je ne sais pas à quel point sa conversation avec Emmanuel Laurentin était préparée (sinon qu’il a probablement eu les questions en avance), mais Pierre Lemaitre a été très à l’aise, s’est livré sans détour et s’est même montré très ému en parlant du livre qui a changé sa vie, Au revoir là-haut. Bref, un auteur attachant que l’on a envie de connaître !
Les 5 choses à savoir sur Pierre Lemaitre
Je ne peux évidemment pas vous restituer tout ce qui s’est dit au cours de la Masterclass… Mais je peux au moins essayer de faire le point sur cinq choses qui m’ont marquée !
- Pierre Lemaître a mis énormément de temps à publier son premier roman. S’il a toujours voulu écrire (dès le CM2 !) pour raconter des histoires, il ne l’a pas toujours fait. C’est donc à 50 ans, après une vie déjà bien remplie de scénariste et de professeur, que celui qui avait quitté l’école en seconde s’est réellement lancé. Comme quoi, il ne faut jamais se décourager !
- Il se considère comme le dernier des écrivains du XIXe siècle. Pour lui, la littérature fait appel à l’émotion et non à l’intelligence. Lui, il veut écrire un roman d’aventures pour emporter son lecteur. D’ailleurs, ses modèles sont le roman picaresque ou évidemment Monte Cristo de Dumas !
- Il apprit quelque chose de son expérience dans l’audiovisuel : une bonne histoire doit avoir un fil directeur et ne pas se laisser distraire par des intrigues secondaires. Pierre Lemaitre parle « d’économie narrative ». Ainsi, il ne multiplie pas les personnages secondaires et élague en permanence ce qu’il a écrit. Ce qui est toujours douloureux pour lui car son premier jet n’est pas facile, il passe beaucoup de temps à faire une page d’écriture. Par conséquent, ce sont des heures de travail mises à la poubelle !
- Les noms de ses personnages lui viennent de l’annuaire. En revanche, il a besoin de leur attribuer un physique pour démarrer l’écriture. Dans son dernier roman, par exemple, il a choisi l’apparence de Louis Jouvet pour le personnage de Joubert.
- Son conseil pour un jeune écrivain, c’est le suivant : « il faut faire très bien quelque chose de très simple ». Et surtout, pour lui, il faut être plus que motivé pour parvenir au bout d’un roman. Il faut être « inarrêtable » car écrire un ouvrage, c’est long, difficile et douloureux !
Conclusion
J’ai adoré cette Masterclass pour découvrir les secrets et les astuces d’un auteur que j’apprécie particulièrement. Même si, évidemment, c’est passionnant de comprendre la pratique des autres, il faut toutefois se méfier : un auteur n’est pas forcément celui qui est le mieux placé pour analyser son œuvre et surtout dans le cadre de l’écriture, c’est à chacun sa méthode !
Le principe des Masterclass se développe de plus en plus un peu partout. Dans le cinéma, elles existent depuis longtemps et sont accessibles au public, notamment dans les cinémas Pathé Gaumont. Je vous encourage à y assister si vous le pouvez car ce n’est pas tous les jours que l’on entend ces gens parler de leur métier, hors contexte de promotion à la télévision (avec des interviews souvent frustrantes pour leur vacuité…).
Et de manière générale, n’hésitez pas à vous tenir au courant de tout ce qui se passe autour de vous. Il y a souvent des événements dans les cinémas, les théâtres, les librairies, les bibliothèques : des rencontres avec des auteurs, parfois locaux mais qui peuvent vous amener à faire de riches découvertes. Et avec les réseaux sociaux, il est de plus en plus facile de se tenir au courant !
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