Chères lectrices, chers lecteurs,

J’ai envie de partager un nouveau format d’article avec vous aujourd’hui, en vous présentant une héroïne de livre, mais aussi l’œuvre dans laquelle elle s’inscrit, et son auteur

Pour ce premier article, vous verrez que je n’ai pas choisi l’héroïne la plus célèbre ou populaire, puisque je vais vous présenter l’héroïne tragique Iphigénie, de l’œuvre de Racine

Racine : c’est qui déjà celui-là ?

Racine est un dramaturge du XVIIème siècle. En 1674, alors qu’il est au summum de sa popularité, il va faire jouer pour la première fois Iphigénie. Il a d’ailleurs sorti quelques années plus tôt Andromaque, qui lui a permis de rencontrer un immense succès, et d’entrer à l’Académie Française. 

Iphigénie va également rencontrer un véritable triomphe.

Image exclusive de Racine, en 1674, au top de sa popularité avec Andromaque puis Iphigénie.

Malheureusement, quelques années plus tard, il sortira Phèdre, qui ne fera pas l’unanimité : la pièce sera même sifflée, et une cabale (un complot afin de priver la pièce de son succès) sera organisée.

Grosse ambiance pour Phèdre.

À partir de ce moment, en 1677, Racine va abandonner le théâtre pour plusieurs années. Il aura alors la fonction honorifique d’historiographe du roi Louis XIV, sa mission étant de relater tous les faits qui se passent autour de ce dernier. 

Historiographe du roi, un métier d’avenir.

Iphigénie, une tragédie tragiquement tragique

Iphigénie est une tragédie classique, qui répond aux règles d’unité de temps, de lieu de d’action. L’histoire se déroule au XIIème siècle avant JC en Grèce, où la flotte grecque est maintenue au port par des vents contraires, alors que les grecs doivent absolument partir pour la guerre de Troie. 

La flotte grecque, attendant des vents meilleurs.

Le chef de l’armée, Agamemnon, demande à un oracle la raison de ces vents contraires. C’est alors qu’il apprend que les dieux demandent le sacrifice de sa fille, Iphigénie. Cette dernière doit être sacrifiée pour que le vent se lève et que la flotte grecque puisse partir à Troie.

Agamemnon va alors hésiter, durant toute la pièce, entre son devoir politique envers sa patrie, et entre son devoir de sauver sa fille qu’il aime énormément. 

Agamemnon, se demandant s’il doit sacrifier sa fille ou bien sa patrie.

Racine s’est inspiré d’un auteur grec, Euripide, qui avait lui-même déjà écrit sur ce sacrifice. Cependant, une grande différence est notable entre les deux histoires : dans l’œuvre d’Euripide, une biche se substitue à Iphigénie au dernier moment, pour éviter le sacrifice. En revanche, dans la version de Racine, le sacrifice humain aura lieu, mais pas celui que l’on croit.

En effet, c’est le personnage d’Eriphile qui sera sacrifié. Celle-ci est une princesse qui ignore tout de ses origines (mais on apprendra au fil de l’histoire qu’elle est en fait la fille de Thésée et d’Hélène de Troie.) Au dernier acte, Eriphile va se substituer à Iphigénie. 

Eriphile, quelques minutes avant d’être sacrifiée à la place d’Iphigénie

3 siècles plus tard, l’introduction d’Eriphile par Racine faisait encore l’objet de controverses, considérée peut-être un peu de trop, et « tirée par les cheveux. » 

Iphigénie, Miss Héroïne Tragique Parfaite

Iphigénie apparaît comme l’héroïne extrêmement pure, digne, et très tragique, dans la mesure où dès qu’elle va réaliser le sacrifice dont elle fait l’objet, elle va avoir une réaction assez très digne : elle ne se lamentera pas, ni ne cherchera à changer le cours du destin.

Iphigénie va en effet se résoudre à mourir. Elle apparaît alors comme une héroïne vertueuse et pathétique. Si elle décide d’accepter ce sacrifice, ce n’est aucunement pour des raisons religieuses ou politiques, mais simplement par amour pour son père, auquel elle est totalement dévouée. 

Iphigénie aime beaucoup son papa.

(J’ai personnellement été touchée par le personnage de Clytemnestre, la mère de l’héroïne, qui va farouchement s’opposer au sacrifice de sa fille.)

On peut conclure qu’Iphigénie est alors la vraie héroïne tragique, qui inspire la pitié, mais aussi la terreur (car oui, on parle quand même de sacrifice humain…)

Iphigénie, inspirant le courage, la pitié, la terreur, le RESPECT.

À son époque, c’est une pièce qui a touché beaucoup de personnes. Elle est aujourd’hui bien moins connue et jouée que Phèdre, cependant, le personnage d’Iphigénie restera gravé dans les mémoires, car elle est un bel exemple de l’héroïne tragique par excellence.

J’espère que ce premier article de la série consacrée aux héroïnes de romans vous aura plu, et n’hésitez pas à partager en commentaire avec moi votre héroïne préférée 😊 A très bientôt !